Le dedans de toute chose
De juin à janvier, La Volte s’est concentrée sur le dedans. Comme un miroir à ce que vivent les collectifs que nous accompagnons, le nôtre a été secoué de l’intérieur. Tensions, conflits, crises et remises en causes ont rythmé notre vécu collectif. Nous avons notamment traversé une crise de croissance qui est venu questionner tout à la fois le sens de notre engagement, les affinités unissant les volté·es, nos lignes politiques, notre organisation et gouvernance, … Autant de thèmes et de notions qu’il a été nécessaire dinterroger et pour lesquelles nous avons formalisé quelques outils et processus. N’ayant pas choisit de cadre préétablit à notre création, nous avons dû construire ce cadre « chemin faisant » au fur et à mesure que les difficultés surgissaient. Nous sommes maintenant dotées d’outils de gestion des tensions, de médiation des conflits et de séparation.
Une première résidence de travail de trois jours en septembre 2022 devait être consacré à travailler nos radicalités. Avec le soutien de Maxime, Jeanne et Lita, on s’est retrouvé tous·tes embarqué·es dans de la médiation de conflit interne venant toucher les questions de genre, de domination et de radicalité politque.
Puis en janvier, suite à plusieurs nouvelles secousses (Cf. notamment Un collectif face aux violences sexistes et sexuelles), nous avons transformé une semaine prévue pour de la formation collective en une semaine d’auto-accompagnement. Cinq jours nécessaires, intenses et pas toujours agréables, orientés vers un principe d’honnêteté radicale nous éloignant (redéfinissant) parfois de la communication non violente et de la bienveillance au bénéfice de la verbalisation de ce qui gratte, heurte, ne va pas individuellement et collectivement. On a mis les pieds dans le plat et on est allés plus loin probablement que si l’on s’était fait accompagner pour le faire. Cette semaine a donné lieu à des recompositions voltéiques (Voir aussi : La Volte : éléments d’analyse) et à la célébration de la fin de vie d’une Volte. A partir d’un travail sur les radicalités, celles qui nous traversent ou que l’on souhaite cultiver, nous éprouvons désormais l’élan de définir des postures politiques collectives plus affirmées. Cette recomposition a impliqué le départ ou la séparation de cinq personnes, pour des raisons différentes avec chacune leur forme ou temporalité.
A ce jour, La Volte a envie de relâcher un peu l’interne, de s’alléger pour retrouver de la fluidité et de l’énergie afin de retourner dans La zone du dehors… Agir à nouveau sur le monde, continuer à accompagner des collectifs miltants, créer et diffuser des ateliers exploratoires, retrouver l’espace public,…
Dans sa composition humaine, nous souhaitons prendre le temps de nous stabiliser dans ces nouvelles formes et dynamiques et de revisiter nos modes d’intégration et de vie collective avant d’acceuillir éventuellement de nouveaux·elles volté·es.
Bien sur, tout cela est un « travail en cours » et qui ne verra probablement jamais son terme… Rien n’est permanant sauf l’impermanance. Mais d’avantage conscient·es de nos erreurs et limites, mais aussi peut-etre de notre frisson, nous faisons acte d’espérance envers un futur ou nous serions à nouveau capable de changer l’ordre du monde plutôt que nos désirs.